Double objectif ! !

Publié le 3 Avril 2015

Chapitre 13 : Rebondir ---------------------------------------------------------

Suite à ce début d'année (septembre) qui ne ressemblait à aucun autre, ma réaction a été de combler mon temps libre devenu très conséquent. En d'autres termes, quand on ne travaille pas, il faut bien s'occuper pendant que les autres sont au boulot.

J'ai donc fait pédaler le petit vélo dans ma tête pour trouver un objectif, un os à ronger.

Rapidement trouvé, puisque depuis longtemps rangé dans une petite case cérébrale, je ressortais de sous mon chapeau l'"Echappée Belle", fascinante traversée des Belledonnes.

Anticipation. Logistique. Préparation physique. Logement...

Et au départ à Vizille, pas d'autre choix que d'aller de l'avant et grimper sur ce massif méconnu car ultra sauvage.

Sujet du chapitre précédent, ce fut une aventure aussi inhabituelle qu'enrichissante. Et une sécrétion d'endorphines à l'arrivée et dans la semaine qui vienne des plus hautes jamais connues. Bref, le pari avait une nouvelle fois réussi. Et ça n'a pas été facile, et c'est ce que

JE VOULAIS.

Le mois d'octobre fut lui principalement consacré à une remise en forme ciblée haut du corps. En effet, trainant sur internet assez longuement pendant la récupération d'un tel effort, je trouvais quelques chaines Youtube et sites intéressants, et me motivant à (re)faire* quelques exercices quotidiens de renforcement musculaire et/ou gainage. "Ca peut pas faire de mal"

*Je dis "refaire" car j'avais eu une petite période (courant fin 2010, en deuxième année de STAPS) durant laquelle je m'astreignais à 3-4 entrainements de musculation hebdomadaire, suivant militairement les écrits de M. Olivier Lafay. Bilan : 2 mois tenus, et peu des résultats, malgré l'augmentation protéique alimentaire marquée (des boites de thon et de lentilles ingurgitées assez régulièrement, après les grosses séances d'entrainement), faisant sourire mon grand frère, vissé à son siège, devant son ordinateur 95% de son temps éveillé (les 5% restants dédiés aux pauses vitales : nourriture (assez riche le plus souvent), besoins naturels...).

Bref, je me "remettais" un peu à la muscu, les protéines alimentaires remplacées par de la protéine de lait, nommée Whey dans le monde du fitness.
Même si la fréquence et la charge d'entrainement a baissé progressivement passées les deux semaines de départ (pic de motivation), je continue en ce moment (mars-avril) quelques 2, 3, voire 4 petites séances hebdomadaires, afin de garder une ceinture abdominale gainée et un tonus musculaire bras-épaules-pecs-abdos correct.

L'entrainement traditionnel quant à lui continuait de manière habituelle (entre 6 et 8h/ semaine), course à pied et natation (piscine de Cluses), jusqu'à ce que je revienne en région Auvergne, définitivement, auprès de la famille, pour les vacances de Noël. Exit la Haute Savoie et le petit village typique de Mont Saxonnex, où j'avais bien randonné mais rédoutais la neige abondante qui tardait à se pointer mais risquait de me sortir par les yeux si je restais tout l'hiver là-haut.
Au final, économiquement et socialement, j'étais gagnant.

Passe le mois de Janvier, ponctué par les tests de l'Armée à Lyon, où j'ai plutôt bien figuré, autant aux tests psychotecnhiques qu'aux tests sportifs où je tenais le maximum de temps (12') au Luc-Léger (aller-retours de 20m, où l'allure augmente progressivement) sur la place d'armes, au petit matin, vers 7h du matin.

3 journées ski auvergnates (Mont Dore, Superbesse et Lioran) avec mon petit frère début février rassasiaient mes envie de glisse, et j'avais trouver du boulot au Decathlon de Vichy. 3 semaines + 1 m'ont usés mentalement, mais surtout physiquement. J'avais perdu l'habitude de rester debout 4, 5 voire 6h de rang, tout en faisant des aller-retours dans le magasin. Oui, c'était pas de tout repos.

De l'extérieur (côté client), on pense que les vendeurs ne font que renseigner les clients : facile. Et ben non, un paquet de missions incombent aux vendeurs : réception de la marchandise le matin, cintrage des vêtements non cintrés, mise en rayon de tout ce qu'on vient de recevoir (quelques fois plusieurs dizaines de palettes), et ensuite, renseignement des clients, tout en veillant régulièrement aux balisages et étiquettes des articles, commandes clients et commandes inter-magasin, gestion de stock, déplacements d'articles, mise en carton, ristournes et fins de série...et j'en passe. Enfin, le "facing" (remise au propre des rayons, recintrage, pliage des vêtements dépliés, remise en ordre des tailles de chaque penderie...) conclue la journée de chaque vendeur, dont les jambes sont dures, lourdes et fénéantes (comme à la fin d'une journée passée dans un parc d'attractions^^).

En tout cas, ce fut une 1ère expérience de vente très enrichissante avec une équipe soudée, jeune, dynamique et sympa.

Vint alors un trail attendu (mon père et Denis l'avaient fait l'an dernier et m'en avaient dit du bien). Un trail décrit comme très technique, totalement nature : passage de ruisseau, remontée de cascades, pierriers, et boue en veux tu en voilà. Mentalement, j'étais prêt à l'affronter !

L'incertitude était physique. Pas spécialement préparée, mais pas sédentaire non plus avec mes dizaines de km marchés à Décathlon :)

Au départ sous l'arche, le troupeau est en rang serré et je ne parviens pas à m'avancer autant que je voudrais. Sur 500 coureurs partants, je dois être entre le 150e et le 200e à l'amorce du premier virage serré. Stratégie claire : partir fort car je redoutais d'attendre à la queue leu-leu si des chemins trop étroits ou des obstacles difficiles s'offraient à nous en début de parcours.

Je descends donc fort, boue ou cailloux ne me font pas peur (on m'a dit à juste titre de ne pas m'occuper du chapeau de la gamine, de ne pas craindre de salir et mouiller mes Fellcross qui le seront rapidement et inéluctablement étant donné le caractère boueux (gras) des chemins forestiers du coin, majoritairement à l'ombre). Très bon conseil, qui me permet de doubler des grappes de coureurs pour me retrouver après quelques km seulement des les 100 premiers bonhommes.

Km 8, je double même la 1ère féminine, à côté de laquelle de finit habituellement (c'est à quelque chose près mon niveau, d'habitude). Les jambes vont bien, et les coureurs adjacents vont bon train. Pas le choix, il faut suivre le rythme. On remonte de la cascade, s'aidant des cordes pour se tirer vers le haut sur des pans de boue très pentus.

Au km 11 se profile le ravito au bout du chemin, et je "remets une dent" (accélère un peu), en sachant que je vais faire une petite pause là-bas. Une petite trentaine de secondes plus tard, 2 carreaux de chocolat, posés sur 2 morceaux de pain d'épice dans la main, je repars de plus belle, en remerciant et souhaitant la bonne journée aux bénévoles très nombreux (!).

Les kilomètres défilent et je crains de devoir payer l'addition dans les plus brefs délais du fait de mon insouciance à partir si vite et à continuer de la sorte. En effet, dans les montées, je ne creuse pas l'écart mais ne faiblit pas trop par rapport à mes compatriotes. Sur le plat, je relance assez bien, et lorsque mon Garmin me montre des 13 ou 14km/h, je me demande s'il ne se moque pas de moi. Je n'ai pas l'habitude d'aller si vite, surtout en trail. Mais c'est surtout en descente, que je dévale comme un mort de fin, que je fais la différence et creuse du terrain sur les autres. "Parfait ça, prépare ta Maxi-Race" me dis-je, l'ultra trail autour du lac d'Annecy auquel je participe fin mai comportera sûrement son lot de descentes toutes aussi techniques et piégeuses, que celles sur lesquelles je pose mes pieds, tout en lançant les bras sur les côtés pour me stabiliser au mieux.

Au km 13, le sourire que j'ai depuis le début s'écarte davantage quand je vois apparaitre au travers de la fôret un pierrier gigantesque. "Le voilà ! Yes". Je l'attendais. Point d'orgue typique de ce trail atypique, les premiers rochers sont couverts de terre, laissée par les semelles des premiers coureurs. Je vois mes prédécesseurs hasardeux et jouant les funambules d'un rocher à l'autre. Je m'en sors bien, même très bien, en rattrapant les mecs de devant. Après 50m environ, les rochers sont praticables et pour la plupart très stables. Je saute d'un à l'autre en me prenant pour le Kylian Jornet auvergnat, le "chamois des pierriers". Je bascule en haut en ayant mangé 5 ou 6 mecs, et relance dans la descente.

Tout se passe bien, trop bien. La boue se fait de plus en plus présente mais j'essaie de ne pas m'en soucier, de ne pas pester contre elle.

Un second ravito. 3e et 4e carreaux et morceaux de pain d'épice. Mais du mal encore à les mastiquer aisément car en montée sèche comme après le premier ravito. Dommage. J'inspire tant bien que mal, et c'est reparti. Je reprends un coureur noir à bonne allure et fait quelques kilomètres à ses côtés tandis qu' un bénévole nous annonce autour de la 50e place. Je n'en reviens pas et pense : "Waw, je suis vraiment en forme aujourd'hui".

Second pierrier, et seconde démonstration. Je survole les autres, qui semblent fatiguer. Dans la redescente, je me rapproche cette fois si d'un second coureur noir, mais la taille de ces jambes, et de son corps en général, m'intrigue. Parvenu à sa hauteur, j'estime son poids entre 40 et 50kg. Il a des jambes squelettiques (j'n'en ai rarement vu des si fines chez un homme), et des petites épaules. Il fait 1m60 à peine. "Comment je me retrouve à rivaliser avec des mecs comme ça moi ?" "Moi, avec mes cuisses charnues et mes près de 80kg". Incroyable, mais vrai. Le petit groupe de quatre se faufile dans les sentiers étroits, tantôt montants, puis descendants et boueux.

Km 20 ? J'n'ai toujours pas payé mes efforts consentis et ma fougue du début. Je suis encore pas mal même si les jambes commencent à être lourdes. Je lâche quand même le petit groupe à la faveur d'un faux plat descendant, avant qu'au km 22, le petit coureur noir me reprenne et me double sans que je puisse l'accrocher. Un point de côté s'est déclaré, et malgré la fin proche, j'ai du mal à garder ma vitesse à cause de la boue, et ça monte. De plus en plus. Je me bas, serre les dents, à défaut de pouvoir virer ce point de côté. Arrive enfin le dernier morceau de route, très pentu qui rejoint le centre du village et l'arche d'arrivée. Personne à portée derrière, et un mec devant pas loin. J'en chie, c'est dur, mais dans 2min c'est fini. Je tire sur les jambes, augment la fréquence des foulées et revient sur le gonz. Il me décroche un sourire une fois à sa hauteur et m'exhorte à le suivre pour finir. Sur le dernier morceau presque plat qui mène à l'arrivée, lui est à l'aise pendant que chez moi, tout se déconnecte et je ne peux suivre le mec en question. Je me retourne, personne derrière, je peux dérouler tranquillement. Je suis au bout.

Je passe l'arche en 2h25 et des poussières. Ultra content. Je prends quelques secondes, mains sur les genoux, dos plié, cherchant une respiration normale. Je pique un morceau de pain et de fromage au ravito, mais suis incapable de mâcher et encore moins d'avaler : j'ai le souffle coupé. Dès que j'essaie de prendre une grand inspiration, ça se bloque. Obligé de prendre des mini bouffées d'air et des les expirer aussitôt. Debout, je suis mal. Je m'assois sur le rebord d'une fenêtre, puis m'y allonge et après 2-3 minutes à lutter, je retrouve mes capacités pulmonaires habituelles et peux enfin déguster ma mini tartine.

Contrairement à d'habitude, je n'ai pas très faim, et regagne rapidement ma voiture. Direction Cournon, où le repas, mon père et mes grands parents m'attendent et où je raconte mes exploits.

Lendemain, résultats : 39e scratch sur 480 classés. Bim !! Inespéré.

Merci aux organisateurs, bénévoles (normal). A Denis et mon père pour les conseils et l'eau à la bouche avant de se frotter à ce trail très original. A Camille et Clément, pour l'apéro dinatoire très copieux de la veille. Qui sait ? Ca m'a sûrement aidé même si les stocks de glucides (énergie) se font plus tôt (3 à 4 jours avant).

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Vient la fin mars, où je ressors mon beau Scott Scale (mon VTT Carbone). Quelques petits réglages, un nettoyage et les sensations au guidon qui resurgissent très vite, après quelques descentes techniques. Les souvenirs les suivent : moi, sur ma machine, sillonnant la côte bretonne à l'été 2013. Presque 1000km parcourus sur les jours de repos en tant que surveillant de baignade. Le pied ! Des envies de voyage...

Le printemps est là. Les jours rallongent. Les températures grimpent lentement.

Et les choses sérieuses arrivent.

J'ai de nouveau envie (à l'instar de l'Echappée Belle restée dans une case de mon cerveau) d'emprunter la GTMC (Grande Traversée de Massif Central), de Clermont à Sète, initié il y a 3 ans avec quelques camarades stapsiens et un mono en or.
J'attendrai juin, que les chemins soient plus praticables et la météo moins incertaine.

Ce sera après le GROS Objectif, la Maxi race.

Mon 1er ultra trail ?! Vais-je réussir à boucler ces 85km ? Combien de temps me faudra-t-il ? Courir ensemble avec mon père, ou faire chacun sa course ? Des questions auxquelles les réponses vont arriver progressivement durant la préparation.

Une chose est sûre, je serai au départ, et la préparation commence en ce début avril, avec en point d'orgue une reconnaissance du parcours en 2 étapes, prévue courant mai.

Le prochain chapitre sera, vous l'avez compris dédié au récit de cette course, support cette année des championnats du monde de Trail (6000 coureurs attendus au total). Il y aura sûrement matière à raconter. En espérant un fin heureuse, comme je les aime. Je ferai tout pour, comme toujours !

("Double objectif", car par-delà les montagnes savoyardes, au loin, derrière Lyon, il faudra se reconcentrer et se remettre à pédaler pour établir un premier temps de référence sur un Ironman relativement plat (pas comme Embrun ;)), dans la ville thermale de Vichy. "A la maison". Cette année, il me sera probablement difficile de franchir la ligne devant mon paternel, très bon rouleur habitué à la position contre-la-montre, les coudes posés sur le guidon de son vélo profilé (pas le mien). On verra bien.

J'ai encore une fois de quoi m'occuper cet été !! L'ennui est un ennemi qu'il faut chasser)

A très vite.

Double objectif ! !

Rédigé par Mathieu Leonard

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